L'éducation: la solution à tous les problèmes?

Dernière mise à jour: 30 octobre 2024 Texte: Ingrid Blum

Tel un ouragan – la petite chienne de 5 ans zigzague, crinière au vent, en direction du grand chien mâle. Elle fonce dans ses jambes sans freiner, les faisant fléchir pour quelques instants. Mais que fait-elle? La chienne est-elle mal éduquée? La détentrice devrait-elle intervenir ici en la corrigeant? Ce manque de respect apparent peut être expliqué de différentes manières.

Telles les pièces d’un puzzle, le chemin vers une bonne éducation est composé de nombreux éléments importants qui ne sont pas toujours tous pris en compte.

Compétence sociale

L’éducation de la compétence sociale commence déjà chez l’éleveur: Sa sélection des parents joue un rôle primordial. Les animaux faisant preuve d’assurance, de sociabilité et de tolérance transmettront bon nombre de leurs caractéristiques à leur progéniture et leur apprendront de nombreux comportements correspondants durant la première phase de leur vie. Le temps avant la naissance a déjà une grande influence sur les chiots et leur futur comportement. L’environnement de la chienne, la manière dont elle a été saillie, sa nourriture, les stimuli mentaux et le stress qu’elle doit gérer, respectivement le calme dont elle peut profiter avant la mise bas sont par conséquent des points très importants. D’autres facteurs jouant un rôle sur le chemin de l’éducation sont l’environnement familial de la chienne, si elle vit avec d’autres chiennes étant simultanément en chaleur ou ayant mis bas ainsi que le lien de la chienne avec ses propriétaires.

Qu'est-ce qui rend un chien éduqué?

Des chiens qui aboient, creusent, reniflent les gens, ont peur, grognent, volent de la nourriture, ne se laissent pas toucher, font leurs besoins à l’intérieur, tirent en laisse, chassent ou qui veulent dire bonjour à d’autres chiens sont-ils mal éduqués ? Les chiens collés à la jambe de leur maître ou trottant derrière lui, désintéressés par leur environnement, qui ne font leurs besoins que sur ordre ou qui n’ont d’yeux que pour leur jouet et non pour d’autres chiens sont-ils en revanche bien éduqués? Il est impossible de répondre à ces questions par un simple oui ou non. Voyons donc ce qu’il faut d’autre pour parler d’une bonne ou mauvaise éducation.

Distance individuelle et frustration

Un chapitre important est notamment l’apprentissage de la distance individuelle. Une mère souveraine apprendra patiemment et de manière compréhensible à ses chiots quand, comment et dans quelle situation la proximité physique est acceptable et quand elle ne l’est pas. Les chiots pourront également entraîner leur tolérance à la frustration dans des conditions d’élevage optimales. Ce processus d’apprentissage important pour toute la vie doit avoir lieu durant les premières semaines après la naissance et être transmis par la mère et les autres membres de la famille faisant preuve d’assurance. Les chiots issus de petites portées ou nés seuls ne sont pas autant confrontés à la frustration que les chiots ayant de nombreux frères et sœurs. Il suffit de penser à la source de nourriture ou au nombre de mamelles. Il est possible que les animaux dont la tolérance de frustration est basse opteront pour un comportement de défense, d’impatience ou de jalousie.

Races, élevages et tâches

La distance individuelle varie beaucoup d’une race à l’autre. Certaines races disposent d’une tolérance de proximité illimitée. Elles ont été sélectionnées systématiquement pour tolérer et même chercher la proximité physique. En revanche, d’autres races évitent le contact étroit et préfèrent garder une certaine distance avec l’inconnu.

Ce sont souvent ces caractéristiques élémentaires que l’être humain met du temps à reconnaitre, mais qui pèsent lourd. De nos jours, les êtres humains sélectionnent leur chien sur des critères d’apparence, plutôt que de se demander pourquoi la race avait été créée à l’origine. Ils croient que ce petit chiot irrésistible deviendra exactement le chien de leurs rêves grâce à leur éducation et au lien.

Alors que certains apprécient que leur chien tienne les visiteurs à distance, d’autres désespèrent parce qu’il aboie ou grogne les camarades d’école de leurs enfants. L’un trouve rigolo que son jeune chien bouscule d’autres chiens ou des gens, l’autre ne laisse plus son chien jouer avec ce rustre.

Les règlements d’élevage se rapportent souvent à l’ancien métier de la race de chien. En d’autres termes, pour respecter le standard de race, il ne faut pas faire de chiens distants des chiens de compagnie, les chasseurs autonomes ne doivent pas devenir des chiens dociles n’ayant pas le droit de chasser, les chiens de troupeau appliqués à leur travail ne peuvent pas se transformer en paresseux apathiques, les gardiens imposants ne peuvent pas devenir des rêveurs n’ayant l’air de rien – de nos jours non plus. Les chiens qui ont été élevés pour faire un travail de manière autonome sont souvent considérés comme têtus et difficiles à éduquer. Même si les chiens de races ne font plus le travail pour lequel ils ont été élevés à l’origine, ils gardent en eux tous leurs instincts et caractéristiques sciemment sélectionnées. C’est peut-être la raison pour laquelle il est difficile de comprendre pourquoi le chien XY, tellement câlin sur le canapé, est en train de chasser un lapin. C’est justement parce sa race a été sélectionnée pour la chasse au lapin (et il ne dit pas non à une souris non plus!). Le propriétaire se dit qu’il n’a pas bien éduqué son chien ou qu’il n’a pas de lien avec lui. D’autres races sélectionnées pour la coopération avec l’être humain se laissent volontiers diriger, aujourd’hui encore, si elles ont confiance en la conduite et la respectent.

Fixer les limites dès le début

Les races de chiens qui aiment courir peuvent devenir malades si elles sont tenues constamment en laisse et n’ont pas de liberté. Malgré cela, les chiens qui aiment bouger ne peuvent pas courir dans tous les sens, les races travaillant de manière autonome n’ont pas pour autant le droit de creuser des trous jusqu’en Australie ou de tuer des chats. Les chiens de berger ne doivent pas chasser de voitures ou de joggers. Sans parler des croisements de races dans lesquels deux cœurs battent pour deux passions différentes. L’être humain est créatif: Il a sélectionné de manière ciblée des individualistes et des chiens qui aiment vivre en meute.

Qu'est-ce que cela signifie pour la première leçon de classe de jeu pour chiots?

Un loup solitaire préférera plutôt se cacher derrière les jambes de son maître, alors que le chien qui aime être en meute se jettera dans la foule. Le loup solitaire ou le chiot ayant besoin de plus de distance individuelle doit maintenant communiquer avec ceux qui ont besoin de proximité ou qui sont plus effrontés. Si un chiot timide assis sur les pieds de son propriétaire se fait bousculer par un camarade effronté lors sa première leçon de classe de jeu pour chiots, cela peut avoir des répercussions sur son futur comportement face à d’autres chiens. A l’avenir, le rêveur bousculé voudra peut-être garder à distance ses congénères en aboyant à vive voix ou prendre la fuite en étant complètement paniqué.

Et il y a aussi la différence de taille entre les nains et les géants. Bien que tous les deux soient gentils, ouverts et aiment le contact, le risque de se blesser est considérable chez les petits chiens s’ils jouent avec des races géantes.

Si l’on sépare les petits des grands, les petits n’apprennent pas qu’il y a aussi de grandes races et les grands n’apprennent pas à faire attention dans le contact avec les petits, resp. que les petits sont aussi des chiens. Si l’on veut tenter le contact parce que le petit chien est très effronté et qu’il n’a pas peur, un seul coup de patte pourtant gentil du grand chien peut déjà aplatir le petit.

Au pire des cas, le petit chien aura appris que les grands font mal. Cela signifie qu’il prendra la fuite lorsqu’il verra un géant, ce qui animera peut-être le géant à le chasser. Outre toutes les caractéristiques spécifiques aux races, il faut également penser aux aspects de santé.

L'éducation – un puzzle

La signification du mot «éducation» est peut-être un peu plus claire maintenant. On ne peut pas mettre toutes les races dans le même panier, ni modifier la génétique par l’éducation. Un chien qui a besoin de plus de distance individuelle ne se collera pas à la jambe de son maître, même si ce dernier le veut ainsi. Ce genre de chien n’apprécie pas non plus qu’un être humain marche directement vers lui et veut le toucher. Un chien qui utilise son énergie de manière dosée ne sera pas du tout motivé à faire certains exercices. Un chien de chasse passionné ne deviendra jamais le chien de famille facile qui trottine sagement derrière ses maîtres. Une fois libéré de la laisse, il optera plutôt pour sa fonction d’origine et s’absentera volontiers durant un certain temps.

«Brisé» par désespoir

Oui, les possibilités pour briser la volonté du chien sont multiples. Il n’est pas difficile de tirer sur le collier du chien jusqu’à ce qu’il collabore par peur de la douleur. Il n’est pas difficile non plus d’appuyer sur le bouton d’une télécommande pour perturber un comportement instinctif de chasse.

De telles méthodes démontrent que, lorsque l’être humain est dépassé par une situation, le chien en tire souvent des problèmes d’agression ou de santé. D’autre part, il est également inutile de constamment récompenser le chien avec de la nourriture ou de le distraire avec un jouet.

Mais que signifie le mot «éducation»?

L’éducation peut signifier l’apprentissage de différentes choses que le chien doit savoir au quotidien. Cela commence souvent à la maison: Certaines règles doivent y être respectées. Toutefois, il faut également tenir compte des conditions susmentionnées. Cela signifie que le management doit être adapté de manière correspondante.

Si le chien a du plaisir à apprendre, supporte la frustration, p. ex. en apprenant à être seul, si les choses ont un sens pour lui et si son individualité est respectée, le lien et la confiance en l’être humain s’en trouveront renforcés. L’être humain doit se montrer fiable et conséquent, c’est-à-dire facile à «cerner» pour le chien, autant à la maison qu’à l’extérieur.

Le contact positif avec des congénères qui parlent bien leur langue donne de l’assurance dans la communication. Lorsque les chiens remarquent que leurs maîtres les protègent, qu’ils peuvent compter sur des conséquences aimables et des limites fixées, cela fait partie de leur éducation, tout comme la communication intra-spécifique. Si les êtres humains font preuve de confiance et de compréhension pour leurs chiens et qu’ils apportent leur soutien là où il s’avère nécessaire, on parle alors de complicité.

Un bon élève est-il automatiquement socialement compatible?

L’éducation dans le sens d’un apprentissage d’exercices n’est capable de changer ni le caractère ni l’individualité ni la race. Si les chiens et les êtres humains veulent prendre le même chemin pour atteindre le même objectif, les conditions suivantes sont importantes:

  • Choisir la race/le mélange adapté/e à l’environnement correspondant
  • Se procurer des informations (conseil avant l’achat)
  • Connaître les caractéristiques spécifiques de la race (p. ex. aboyer, chasser, garder)
  • Connaître les maladies spécifiques de la race (p. ex. DH, épilepsie, maladies oculaires, etc.)
  • Bien choisir la date de la prise en charge du chien (phases de peur)
  • Donner du temps à l’habituation
  • Connaître et respecter les phases de développement
  • Opter pour une formation cynologique sans violence, un encadrement individuel et de larges connaissances spécifiques
  • Ne pas tester, mais agir de manière réfléchie
  • Examens de santé à tout âge
  • Moins il y en a au quotidien, mieux c’est!

Les éleveurs portent une grande responsabilité et posent des jalons décisifs avec beaucoup d’amour, une sélection méticuleuse des parents et un élevage judicieux de leurs portées. Ils se doivent de vérifier si le chien et la race choisis correspondent à la vie du nouveau maître et si l’ami à quatre pattes pourra y devenir un chien bien dans sa tête. Les éleveurs doivent également expliquer que la caractéristique «gentil avec les enfants» n’est pas un critère de race, mais plutôt un trait de caractère que le chien peut apprendre par la socialisation, l’apprentissage, etc. De nombreux problèmes de comportement inadéquat du chien pourraient ainsi être évités. Il suffit souvent de quelques heures dans la nouvelle maison inadéquate pour faire de chiens issus d’un élevage exemplaire des destins tristes pour le reste de leur vie.

... et que fait le mâle qui se fait bousculer?

Le grand mâle non castré est un chien de six ans, en bonne santé, faisant preuve de compétence sociale, de calme intérieur et d’une grande tolérance de frustration. Cependant, la petite chienne très docile atteint vite les limites au niveau de ses nerfs et tente de se débarrasser de son stress en bougeant. L’épais pelage limite sa perception, malgré la barrette, ce qui peut expliquer la collision.

Le grand chien mâle bousculé se secoue brièvement, renifle rapidement la chienne castrée avant de se rendre vers l’arbre le plus proche.

 

Source: weltdertiere.ch